Bon bougre

Bougre est issu du latin médiéval bulgarus. L’évolution sémantique du mot vient des hérésies bulgares que l’on prête, au 10e siècle, aux célèbres bogomiles, ennemis de la hiérarchie ecclésiastique, qui niaient le sacrement du mariage et qui étaient taxés du « péché capital » d’homosexualité.

Si le sens péjoratif d’« individu méprisable » et de « mauvais drôle » existe depuis le 16e siècle, il s’est ensuite transformé pour devenir, en français moderne, une « sympathie mêlée d’indulgence », un bon bougre désignant alors un brave homme. Malgré cette évolution renversante, le mot est encore employé comme juron : bougre d’idiot, bougre d’âne, bougre d’extrait de cornichon, insulte proférée par le capitaine Haddock et ses émules.

L’adverbe bougrement, attesté d’abord au sens de « à la manière des débauchés », a été repris comme superlatif familier avec la valeur de « extrêmement, rudement, démesurément, excessivement, exagérément »; tout comme bigre, une altération euphémique qui a longtemps été considérée comme une injure sexuelle.

Un autre sens péjoratif de bougre, celui de « malingre », a produit rabougrir qui signifie « retarder, arrêter dans sa croissance ». Son adjectif rabougri, a d’abord été utilisé pour qualifier un végétal, puis, par extension, une personne chétive.

 

Devoir

Au Québec, durant l’hiver, jusqu’au 19e siècle, quelle est cette longue veste doublée conçue pour lutter contre le froid que les personnes maigrichonnes ont tout intérêt à revêtir?

Bou _ _ _ _ _

Réponse

Une bougrine. « Ti-Pite, dit Madame Brind’amour tu vas aller cri le docteur. […]. Hourra dépêche-toi. Boutonne ta bougrine, amarre ta cravate comme y faut et range ton caste pour avoir la palette par devant. » ( Berthelot, Hector, Mystères de Montréal, 1898).