Chagrin d’école

Je ne lis pas de biographies. Comme je ne lis pas de livres de cuisine. Une affaire de goût. C’est donc un peu à reculons que j’ai lu Chagrin d’école. C’est l’histoire, comprends-tu, de Daniel Pennac, l’auteur du livre, qui raconte ses années d’école. Un cancre qui devient professeur et écrivain. Un écrivain que j’aime bien. Sauvé de la cancrerie par des enseignants d’exception. En voici des petits bouts:

(Quand sa mère se désespère de lui)
N’étant pas destiné à devenir, je ne luis paraissais par armé pour durer.

(Des années plus tard, une fois prof lui-même, sa conception de la dictée)
J’ai toujours conçu la dictée comme un rendez-vous complet avec la langue. La langue telle qu’elle sonne, telle qu’elle raconte, telle qu’elle raisonne, la langue telle qu’elle s’écrit et se construit, le sens tel qu’il se précise par l’exercice méticuleux de la correction. Car il n’y a pas d’autre but à la correction d’une dictée que l’accès au sens exact du texte, à l’esprit de la grammaire, à l’ampleur des mots.

(Et sa conception de la grammaire)
La grammaire est le premier outil de la pensée organisée.

(Quand il fait connaître, par la lecture en classe, les grands auteurs à ses élèves)
Si ces textes étaient des êtres, si ces pages exceptionnelles avaient des visages, des mensurations, une voix, un sourire, un parfum, ne passerions-nous pas le reste de notre vie à nous mordre le poing de les avoir laissé filer?

(Quand ces élèves comprennent enfin le sens de l’analyse de texte)
C’est que, l’inhibition levée, ils comprenaient ce dont ils se souvenaient. Ils ne se contentaient pas de réciter une suite de mots, ce n’était plus seulement dans leur mémoire qu’ils s’ébrouaient, c’était dans l’intelligence de la langue, la langue d’un autre, la pensée d’un autre. Ils ne récitaient pas Émile, ils restituaient le raisonnement de Rousseau.

(Quand il explique l’importance de la langue dans la structure et la « substantifique moelle » de la pensée à ses élèves mais aussi à leurs parents)
… Votre fils aimera savoir en quelle langue il nage, ce qui le porte, le désaltère et le nourrit, se faire lui-même porteur de cette beauté, et avec quelle fierté… sonner les idées les plus claires. (Car) Le savoir vient des livres mais les livres sortent de nous. Ça fait du bruit, une pensée, et le goût de lire est un héritage du besoin de dire.

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