Coucher est l’aboutissement du vieux français colcer au 11e siècle, du latin collocare « disposer », puis « placer horizontalement », d’où « mettre au lit ». Le verbe apparaît à la forme pronominale, se colcer, « partager le lit de quelqu’un » mais sans connotation sexuelle; celle-ci se développant à partir du 16e siècle sous forme de nombreuses expressions grivoises : frotter son lard, tirer un coup, manger de la chair crue, dauber des fesses, remuer le gigot, jouer à cul contre pointe, danser sur le ventre, jouer au trou madame, faire des galipettes, s’envoyer en l’air.
Le déverbal couche désigne le lit, l’endroit préparé pour y dormir : couche conjugale, coupe nuptiale, d’emploi littéraire. L’alcôve symbolisant le mariage et l’union charnelle : « Dieu bénit leur couche, ils ont eu vingt-trois enfants ». « Aristide Briand devait (…) honorer la couche de princesses étrangères » (Léon Daudet, Bréviaire du journalisme, 1936). En particulier, le plus souvent au pluriel, le temps d’alitement de la femme pendant et après l’accouchement : être en couches, fausse couche. L’accouchement lui-même : couches douloureuses, relever de couches. Par extension, le linge de propreté dont on enveloppe le bas-ventre et le siège d’un nourrisson : changer les couches, couches-culottes.
Par référence à la forme et à la disposition horizontale d’un lit, le mot décrit une substance d’épaisseur plus ou moins uniforme étalée sur une surface : couche de neige, couche de poussière, couche de peinture, couche d’ozone, couche de fumier; au figuré, dans une société plus ou moins hiérarchisée, couches d’âge, couches géologiques.
Les autres dérivés et composés sont nombreux : couchée, fait de se coucher pour passer la nuit, généralement en voyage, couchette, couchage comme dans sac de couchage, coucherie, aventure amoureuse, couchoir, palette sur laquelle le doreur place les feuilles d’or amollies, couchis, couche de terre sur laquelle était établi le pavé des ponts, couchure, point d’arrêt en broderie, couchant, par métaphore en parlant de l’astre du jour qui disparaît à l’horizon, soleil couchant, couche-tôt, couche-tard, recoucher, accoucher, accouchement, accoucheuse, accoucheur, accouchée, découcher.
Devoir
Que signifie l’expression québécoise « Accouche qu’on baptise? »
- Presser une femme qui accouche d’accélérer le travail afin de réaccomplir le devoir conjugal et de repartir « en famille » le plus tôt possible.
- Dire à quelqu’un de se dépêcher pour ensuite passer à autre chose.
- Formule plaisante qu’avait le curé, en Nouvelle-France, pour indiquer aux parents qu’il fallait marquer rapidement l’entrée du nouveau-né dans l’Église catholique en le baptisant peu de temps après l’accouchement.
Réponse
Dire à quelqu’un de se dépêcher pour ensuite passer à autre chose. L’expression s’emploie également pour désigner une personne « dure de comprenure », lente d’esprit, ou qui tourne autour du pot avant de dire quelque chose.