Dommage collatéral

Dam, vieux de plus de mille ans, vient du latin damnum « préjudice », « perte matérielle », d’où « amende et peine encourue ». En emploi isolé, il n’est plus usité depuis le 16e siècle : peine du dam, châtiment des réprouvés, qui consiste à être éternellement privé de la vue de Dieu. De nos jours, seule survit la locution au grand dam (de quelqu’un), à son détriment, à son grand regret.

Le mot souffre de sa brièveté. Il est progressivement remplacé par son dérivé dommage dont la forme primitive damage, au 11e siècle, est empruntée au vieux français par l’anglais et conservée depuis telle quelle dans cette langue. Il prend le sens de préjudice subi par quelqu’un, qui porte atteinte à l’intégrité physique ou aux biens d’une personne : dommage matériel; qui porte tort à son honneur ou à ses sentiments : dommage moral; qui qualifie, plus concrètement, les sommes dues au créancier par un débiteur qui n’exécute pas ses obligations : dommages et intérêts; ou ceux de tout un État : dommages de guerre. Au singulier, en emploi figé, il désigne une chose ou une situation fâcheuse : Dommage! ou Quel dommage!

Il produit l’adjectif dommageable, les deux verbes préfixés endommager « abîmer, détériorer » et dédommager « donner compensation » ainsi que son dérivé dédommagement, le dernier né, attesté depuis 1723.

 

Devoir

Au Québec mais aussi régionalement en France, quelle locution formée avec le mot dommage signifie « certainement, naturellement »?

Réponse

Beau dommage. « Vous allez-t’y vous assoière ? Je m’demande c’que vous faites là, plantés sur vos pattes d’arrière ! Vous attendez sans doute de prendre racine ! Beau dommage ! J’vas vous arroser… » (Maurice Constantin-Wever, Un homme se penche sur son passé, 1928).