Le verbe dormir, du latin dormire, signifie « reposer dans le sommeil ». Cet état léthargique peut être profond ou paisible: dormir comme un loir, une marmotte, une taupe, un ours, une souche, à poings fermés, sur ses deux oreilles, comme un bienheureux, d’un sommeil de plomb, du juste; ou léger: ne dormir que d’un œil, d’une oreille, les yeux ouverts, à demi.
Il développe le sens de « rester inactif ou improductif »: dormir sur son travail, laisser dormir son argent, valeur rendue, au Québec, par les expressions familières dormir au gaz, « être totalement inconscient, manquer d’initiative, d’énergie, de rapidité » et dormir sur la switch, « ne pas voir l’évidence, être insouciant de la réalité ».
Il inspire divers proverbes et locutions: dormir debout, « être très fatigué, avoir sommeil », qui dort dîne, « le sommeil empêche de penser à la faim », dormir en chien de fusil, « recroquevillé sur soi-même », dormir du dernier sommeil, « reposer dans la mort ».
Par métaphore, la locution l’eau qui dort désigne une personne dont les apparences calmes ne reflètent pas la vraie nature.
Le participe présent dormant est adjectivé au 12e siècle avec le sens de « qui n’est agité par aucun mouvement »: eau dormante. Parmi les autres dérivés figurent dormance, terme qui regroupe toutes les formes de vie ralenties, dormeur, dormoir, dormition et dormitif.
Devoir
On rencontre régionalement en France quelques dérivés rares de dormir: dormailler, dormasser, dormichonner, dormitailler, dormette, dormille, « petit somme », dormitoire, « chambre à coucher ». Dans le glossaire acadien mais aussi en français québécois, quel mot de la vieille langue, formé sur l’un de ces dérivés, signifie « besoin de sommeil »?
Réponse
Endormitoire. Le dormitoire signifiant le sommeil en français acadien, l’endormitoire désigne le besoin de sommeil : « Quand l’endormitoire me poigne, je ne suis pas de grande société. » (Gabrielle Roy, Alexandre Chenevert, Montréal, Beauchemin 1954).