Le bon usage

Au 17e siècle, le français, instrument de centralisation politique, devient une affaire d’État. Richelieu fonde l’Académie française dont la mission est de surveiller la langue, de canaliser son évolution, de contenir ses débordements, d’élaborer une grammaire et surtout un dictionnaire. L’usage décrit n’est pas celui du plus grand nombre mais celui de la Cour et des gens de qualité.

Les grammairiens deviennent l’autorité suprême en matière de « bon usage ». Ils tentent d’élaborer une orthographe unique pour chaque mot.

Des formes archaïques sont rétablies: corps, ptisane, poulmon. Parfois, ces consonnes superflues disparaissent : devoir remplace debvoir. Des mots jugés vulgaires, poitrine, communs, épingle ou démodés, angoisse, sont exclus du dictionnaire.

On cherche à fixer une prononciation uniforme. On décide qu’il faudra dire asperge et non asparge, guérir et non guarir, fourbu et non forbu, reposer et non repouser, matelas et non materas, couleuvre et non coleuvre, coussin et non cossin.

On précise le sens des mots, en établissant des nuances qui permettent, par exemple, de distinguer souillé de taché, sommeiller de dormir.

Ce siècle est celui des auteurs classiques chez qui la langue française devient un outil raffiné permettant d’exprimer avec des mots justes les subtilités de la pensée.

 

Devoir

À partir du 17e siècle, les références au « bon usage » renvoient toujours aux « bons auteurs » : Malherbes, Descartes, Corneille, Cyrano de Bergerac, La Fontaine, La Rochefoucauld, Mme de Sévigné, Bossuet, Perrault, Boileau, Racine, Molière, Pascal, Fénelon. Associez les extraits suivants à l’un de ces auteurs.

Extrait Auteur
Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée; car chacun pense en être si bien pourvu que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont.  
Nous aurions souvent honte de nos plus belles actions si le monde voyait tous les motifs qui les produisent.  
Cet homme à qui je parlais était un vieillard olivâtre, qui d’abord se jeta à mes genoux; et joignant les mains en haut derrière la tête, ouvrit la bouche et ferma les yeux. Il marmotta longtemps entre ses dents, mais je ne discernai point qu’il articulât rien; de façon que je pris son langage pour le gazouillement enroué d’un muet.  
Hé quoi? charmante Élise, vous devenez mélancolique, après les obligeantes assurances que vous avez eu la bonté de me donner de votre foi? Je vous vois soupirer, hélas! au milieu de ma joie. Est-ce du regret, dites-moi, de m’avoir fait heureux, et vous repentez-vous de cet engagement où mes feux ont pu vous contraindre?  
Je me trompais moi-même. Ami, n’accable point un malheureux qui t’aime. T’ai-je jamais caché mon cœur et mes désirs? Tu vis naître ma flamme et mes premiers soupirs.  

Réponse

 

Extrait Auteur
Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée; car chacun pense en être si bien pourvu que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont. René Descartes, Discours de la méthode.

 

Nous aurions souvent honte de nos plus belles actions si le monde voyait tous les motifs qui les produisent. François de La Rochefoucauld, Maximes.

 

Cet homme à qui je parlais était un vieillard olivâtre, qui d’abord se jeta à mes genoux; et joignant les mains en haut derrière la tête, ouvrit la bouche et ferma les yeux. Il marmotta longtemps entre ses dents, mais je ne discernai point qu’il articulât rien; de façon que je pris son langage pour le gazouillement enroué d’un muet. Cyrano de Bergerac, Histoire comique des états et empires du soleil.

 

Hé quoi? charmante Élise, vous devenez mélancolique, après les obligeantes assurances que vous avez eu la bonté de me donner de votre foi? Je vous vois soupirer, hélas! au milieu de ma joie. Est-ce du regret, dites-moi, de m’avoir fait heureux, et vous repentez-vous de cet engagement où mes feux ont pu vous contraindre? Molière, L’Avare.

 

Je me trompais moi-même. Ami, n’accable point un malheureux qui t’aime. T’ai-je jamais caché mon cœur et mes désirs? Tu vis naître ma flamme et mes premiers soupirs. Jean Racine, Andromaque.

 

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