L’élégance du hérisson

Joli roman écrit par Muriel Barbery, édité en 2006.

C’est l’histoire, comprends-tu, de Renée, veuve et concierge d’un immeuble bourgeois à Paris et de Paloma, une jeune fille de 12 ans, aux pensées suicidaires, qui y habite un appartement avec ses parents.

Renée, avec son chat qui « colonise le fauteuil », passe le gros de ses journées à lire sur tout, entre autres, les grands philosophes, et est bien plus lettrée que la plupart des riches suffisants de son immeuble.

Paloma, voyant agir ses parents et les autres adultes, ne veut surtout pas devenir comme eux. Elle exprime son refus par des pensées profondes qu’elle écrit dans un journal du mouvement du monde. Les deux, Paloma et Renée, vivent en parallèle jusqu’à ce qu’elles se rencontrent et se lient d’amitié.

(Pensée profonde no 1 de Paloma)

Personne ne semble avoir songé au fait que si l’existence est absurde, y réussir brillamment n’a pas plus de valeur qu’y échouer.

(Quand Renée songe à Neptune, le cocker des propriétaires du troisième droite, pour qui elle éprouve une grande sympathie; le chien pas ses maîtres)

Neptune sent que je l’aime. Le savoureux de l’affaire tient dans le fait qu’il s’obstine à être un chien (en se léchant, par exemple, les attributs) quand sa maîtresse voudrait en faire un gentleman.

(Les derniers moments passés ensemble de Renée et son mari, Lucien)

Après les déambulations harassées d’un mari que le trajet de la chambre à la cuisine vidait de toute force et ensevelissait d’une effrayante pâleur, après des semaines à ne le point voir quitter son pyjama qui me semblait l’habit même du trépas…(Lucien rassemble ses dernières forces, s’habille et amène Renée au cinéma, un plaisir conjugal qu’ils partagent)

Il m’avait dit adieu dans la salle obscure, sans regrets trop poignants, parce qu’il avait trouvé la paix ainsi, confiant dans ce que nous nous étions dit en nous passant de mots. (Il meurt 3 semaines plus tard)

(Renée qui s’est laissée prendre au jeu de Kakuro, un Japonais très riche et très cultivé résidant dans son immeuble et qui décide de retrouver son état de zombie pour ne pas éveiller les soupçons)

Je noie dans mes yeux l’étincelle qui y avait jailli et prends le regard vitreux de toute bonne concierge.

(Pensée profonde no 5 de Paloma)

Que le silence serve à aller à l’intérieur.

(Pensée profonde no 9 de Paloma)

Nous ne voyons jamais au-delà de nos certitudes.

(Pensée profonde no 10 de Paloma, après qu’elle soit devenue amie avec Renée)

Moi, je crois que la grammaire, c’est une voie d’accès à la beauté.

(Renée pensant à Kakuro)

Peut-être les Japonais savent-ils qu’on ne goûte un plaisir que parce qu’on le sait éphémère et unique.

(Journal de mouvement du monde no 7 de Paloma)

C’est peut-être ça, être vivant: traquer des instants qui meurent.

(Renée, au bras de Kakuro qui reviennent du resto et qui rencontrent deux propriétaires pédants de leur immeuble)

– Elles ne m’ont pas reconnue. (Renée)

– C’est parce qu’elles ne vous ont jamais vue, dit-il (Kakuro). Moi, je vous reconnaîtrais en n’importe quelle circonstance. (Une bien belle déclaration d’amour)

Malheureusement, le roman finit mal. Renée se fait frapper par une voiture alors qu’elle songe au bonheur qu’elle vient de trouver auprès de Kakuro.

(Dernière pensée profonde de Paloma qui pleure son amie)
C’est peut-être ça la vie: beaucoup de désespoir mais aussi quelques moments de beauté où le temps n’est plus le même, un ailleurs ici même, un toujours dans le jamais.

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