Quel tohu-bohu

Tohu-bohu, d’abord toroul boroul, est l’altération de la locution hébraïque tohû webohû qui désigne, dans la Genèse, le chaos primitif précédant l’ordre de la création du monde. En dehors de cet emploi décrivant le paysage originel, on retrouve les deux termes séparément chez les prophètes Jérémie et Isaïe pour qui tohu traduit le néant et la désolation et bohu, l’informe et le vide.

En 1552, Thohu et Bohu désignent deux îles dans le Quart Livre de Rabelais.

En français, sous sa forme composée, le mot est relevé pour la première fois en 1764 dans la traduction de Voltaire de la phrase du premier livre de la Bible : « La terre était tohu-bohu », pour décrire l’état chaotique initial du monde.

Par extension, il s’applique au désordre, à un ensemble de choses mêlées, à une agitation confuse, synonyme de fatras, fouillis, méli-mélo, bordel, l’accent étant mis sur un tumulte bruyant, un vacarme, un boucan, un tintamarre: le tohu-bohu des voitures.

Dans l’imaginaire symbolique, le mot représente, à l’origine, une situation absolument anarchique, qui précède la manifestation des formes et, à la fin, la destruction et la décomposition de toute forme. Il est l’aboutissement d’une régression conduisant à un état démentiel.

 

Devoir

Quel autre mot, altération phonétique de l’hébreu bärükh habbä « béni soit celui qui vient », a pris, en français, la valeur propre de « grand bruit confus de voix »?

Réponse

Brouhaha, de la formule hébraïque bärükh habbä beshëm adonäï « béni soit celui qui vient au nom du Seigneur », par laquelle les lévites accueillaient le peuple se dirigeant vers le Temple. Totalement déformée par ceux qui ignorent l’hébreu, langue mystérieuse dans la tradition populaire, l’expression, par l’italien régional d’Arezzo barrus cabá, « confusion, désordre », a pris la valeur de « bruit de voix confus et tumultueux émanant d’une foule » en français.

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