Stalingrad

Récit épique d’Antony Beevor publié en 1999 aux Éditions de Fallois. Le hic, c’est que je l’ai lu au début de l’occupation de l’Ukraine par la Russie. Pas vraiment le bon timing pour faire l’apologie de l’armée rouge. Même si la victoire contre les Allemands à la bataille de Stalingrad en 1942-1943 a inversé le cours de la Seconde Guerre mondiale.

En beau joualvert contre Poutine, ce président qui veut devenir le nouveau tsar de toutes les Russies, je n’ai pratiquement pas annoté le texte de 600 pages. Chou les envahisseurs. Puis j’ai regretté. Car l’ouvrage de Beevor illustre si durement l’héroïsme et la barbarie, les bêtises et les souffrances en temps de guerre, peu importe que l’on soit du côté des gagnants ou des perdants. Il ne me reste donc que des petits bouts de cette admirable histoire à vous raconter. Alors, faites comme si la guerre avait tout détruit du livre hormis quelques lambeaux de phrases. Les voici.

(Malgré les abus de leurs dirigeants, les désertions, des dizaines de milliers de leurs soldats combattant avec les Allemands contre leurs compatriotes, les Russes, en général, ne critiquaient pas leur régime.
« La colère était réservée à l’ennemi. »

(Missive rédigée avec humour par un fantassin de la Wehrmacht à l’approche de Noël)
« Noël n’aura pas lieu cette année pour les raisons suivantes : Joseph a été mobilisé. Marie s’est engagée dans la Croix-Rouge, l’Enfant Jésus a été évacué à la campagne avec son école, les Rois Mages n’ont pu obtenir de visas faute d’un certificat d’aryanité, les bergers sont de garde et les anges sont devenus standardistes. Il ne reste que l’âne, et qui donc voudrait passer Noël avec un âne. »

(Une façon courante d’agir dans l’armée russe)
« La pratique consistant à ne pas rapporter la mort de soldats afin de continuer à toucher leurs rations était connue depuis le début des armées organisées. »

(Avant l’ordre de bataille visant l’encerclement, en plein hiver, de la 6armée allemande du général Paulus par les 10 armées du général Joukov)
« On écoutait les moteurs (des chars d’assaut) comme un médecin écouterait un cœur. »

(Côté allemand, après des mois de combat, les soldats souffrent d’épuisement, du froid, de maladie et de la faim)
« Un soldat signala que des souris avaient dévoré deux de ses orteils gelés pendant qu’il dormait. »
« Quand un homme mourait, on pouvait voir la vermine quitter son corps en cortège, à la recherche de chair vivante. »

(Après la reddition des Allemands)
« Leur souffrance était telle qu’ils tentaient de lécher la condensation se formant sur les montants métalliques gelés de leurs wagons. »
« D’autres confectionnèrent un vaccin antityphique de leur composition à partir d’extraits de poux. On fabriquait du fil de suture avec des morceaux de soie et des scalpels avec des couvercles de boîtes de conserve. »

(La mort considérée comme une délivrance par les prisonniers)
« Ils perdaient leurs cheveux, puis les muscles de leur cou devenaient trop faibles pour supporter leur tête. »

Bilan de la bataille : 900 000 soldats morts de part et d’autre, 1 000 000 de blessés sans compter les innombrables victimes civiles. En 1942, la question s’était posée à Hitler et à Staline, le « Petit Père des peuples » alors qu’ils revendiquaient tous les deux toujours plus de territoires. Elle se pose maintenant à Poutine qui dirige déjà le plus grand pays du monde : « Combien de terre faut-il à un homme? » Sachant qu’il finira de toute façon dans un trou.