Vaccinothérapie

Vaccine est la francisation du latin moderne médical vaccina, féminin de l’adjectif latin classique vaccinus, dérivé rare de vacca « vache ». Au 18e siècle, le mot désigne la maladie infectieuse des bovins mais aussi des chevaux, inoculée pour les immuniser contre un virus proche de la variole, la « petite vérole des vaches ». La découverte de l’immunisation par la vaccine explique le développement de la famille du mot. Début 19e siècle, vaccin désigne le virus de la vaccine puis, par extension, toute substance préparée à partir de microbes, virus…

Suite ...

Plein d’essence

Le mot essence est emprunté au latin essentia, dérivé de esse « être ». Il est d’abord un terme de philosophie et s’emploie pour désigner l’ensemble des caractères constitutifs d’un être, d’une chose. Par analogie, il désigne en alchimie la substance la plus pure que l’on tire de certains corps. Il prend le sens de « substance odorante volatile extraite des plantes »: essence de violette. Par spécialisation, on l’emploie pour « espèce d’arbre »: essence à feuilles caduques. Au sens d’« extrait », il désigne le produit de la distillation du pétrole, utilisé…

Suite ...

À bout portant

« Boutez les Anglais hors de France » (Jeanne d’Arc). Bouter est issu du francique botan, « pousser, frapper ». La dérivation du verbe n’a pas souffert de sa disparition. Exceptionnellement abondante, elle s’explique par les développements sémantiques originaux de plusieurs dérivés. Le plus important est le déverbal bout qui a perdu le sens dynamique de « coup ». Sa signification moderne correspond à la valeur d’« extrémité d’un objet ». Dans l’usage général, il a donné une phraséologie riche en locutions adverbiales: à tout bout de champ, à bout de souffle, bout à…

Suite ...

Sortez les mouchois

C’est sans y penser que nous prononçons hier, enfer, sac ou net, en faisant sonner la consonne finale mais que nous ne le faisons pas pour cahier, fusil, tabac ou bonnet. Dans tous ces cas, l’usage oral est aujourd’hui parfaitement fixé et ne tient pas compte de l’orthographe. Il en va de même de certains mots comme péril, bonheur ou nef qui ne sont jamais soumis aux phénomènes de liaison : leur consonne finale se prononce toujours. Mais des mots comme trop, tout, petit, qui se terminent également par une…

Suite ...

Sauce Worcestershire

Quel amoureux n’a pas sué à grosses gouttes au cours d’un souper intime chez sa bien-aimée, en cherchant à prononcer correctement le nom du plat servi, un délicieux yakitori au poulet mariné à la « sauce … Worchterteshire »? Certains mots en langues étrangères sont pratiquement imprononçables pour un francophone. Même en les détachant complètement de la forme écrite. Ou en les décomposant en plusieurs syllabes et en les articulant séparément. Geschwindigkeitsüberschreitung: « excès de vitesse » en allemand. Pilkunnussija: littéralement « baiseur de virgules » ou « personne trouvant…

Suite ...

Bel-ami

Roman de Guy de Maupassant publié en 1885. Comme souvent au 19e siècle, il paraît d’abord sous forme de feuilleton dans un quotidien avant d’être édité en livre. C’est l’histoire, comprends-tu, de Georges Duroy, pauvre mais beau bonhomme, arriviste et opportuniste, qui use de l’attrait qu’il exerce sur les femmes, belles, ou brillantes, et surtout riches, pour gravir la pyramide sociale parisienne. En voici des extraits. Qui ne plairont sans doute pas tous à la gent féminine du 21e siècle. (Première conquête de Duroy, une prostituée, qui ne lui fait pas payer…

Suite ...

Vrai barda

Barda est un emprunt à l’arabe d’Algérie barda’a « bât rembourré pour un âne ou une mule » et « couverture de bât ». Le mot s’est répandu par l’intermédiaire des soldats français ayant servi en Afrique. Il désigne d’abord l’équipement du militaire porté sur son dos puis il devient un équivalent familier de « bagage ». Le québécisme et homonyme barda signifie « ensemble des travaux ménagers » mais cet emploi est vieilli. Le mot, toutefois, est employé familièrement avec le sens de « bruit, tapage, vacarme, remue-ménage » et « désordre…

Suite ...

S singulier

En français, le singulier s’emploie pour désigner un seul être ou une seule chose: une personne, un meuble. Au pluriel, on ajoute généralement un « s » à la fin: des personnes, des meubles. Sauf s’il s’agit d’un singulier à valeur générique: la veuve et l’orphelin, le boire et le manger, l’utile et l’agréable. Ou un singulier à la terminaison en « s »: rabais. Ces mots sont plutôt nombreux. Ils peuvent être issus d’un étymon latin avec le « s » final qui se prononce: consensus, omnibus, rictus. Ou…

Suite ...

Oh ma divine!

En 1580 dans les Essais, au chapitre « Des prognostications », Montaigne dresse une liste des arts divinatoires. Après avoir cité ceux qui ont disparu, dont l’« anatomie des bêtes aux sacrifices » et le « trépignement des poulets », il évoque les modes de divination encore pratiqués. Généralement, ces pratiques sont désignées par des substantifs féminins d’expression savante construits avec l’élément formant –mancie, tiré du latin –mantia, emprunté au grec manteia « divination ». Ainsi, la chiromancie se pratique à partir des lignes de la main et la cartomancie avec des cartes.…

Suite ...

Journal d’Alexandre Charbonneau-Robichaud

Durant 16 ans, de 1993 à 2009, j’ai rédigé le journal de mes quatre derniers enfants: Alexandre, Antoine, Étienne et Hervée. D’abord à la main, puis à l’ordinateur. Un manuscrit de 300 pages dont je livrerai des extraits. Malheureusement, je n’ai pas eu cette idée à la naissance de ma première fille, Mélanie. Faut dire qu’à 21 ans, quand je l’ai fabriquée, on ne pense pas nécessairement à ces choses. À 42 ans, ça arrive. Je commencerai par l’aîné de mes fils, Alexandre, aujourd’hui écrivain. Alexandre, 6 ans J’ai vraiment…

Suite ...

Se regarder le nombril

Le nombril est cette cicatrice arrondie formant une petite cavité ou une saillie, placée sur la ligne médiane du ventre des mammifères, spécialement l’être humain, à l’endroit où le cordon ombilical a été sectionné. L’« accouchement » du mot fut difficile. Il est issu, par une série d’altérations du latin populaire umbiliculus, diminutif du latin classique umbilicus, ombilic. Umbiliculus a donné régulièrement umblil qui, par agglutination de l’article défini élidé /l’/, a abouti à la forme lonblil; celui-ci, par dissimilation, a donné lonbril et, par agglutination du /-n/ de l’article…

Suite ...

Question de feeling

De nos jours, la terminaison –ing, empruntée à l’anglais, s’est intégrée parfaitement au système consonantique français et le nombre de ces emprunts est en progression constante: happening, kidnapping, parking, timing, rewriting, training, shopping, camping, footing, looping, jogging, karting, yachting, curling. Ces mots peuvent désigner une activité: briefing, meeting; une technique: dispatching; une pratique économique: dumping; une activité de gestion: marketing, planning; une société: holding; un sport: bowling; un procédé technologique: pressing; un vêtement: smoking; un immeuble: building. Certains substantifs prennent la forme de mots composés: punching-ball, sparring-partner, starting-bloc, touring-club, chewing-gum,…

Suite ...

Donner le OK

O.K. s’écrit en majuscules avec ou sans points. L’expression est un exemple frappant d’erreur populaire qui a été reprise dans presque toutes les langues de la planète. À l’origine, elle est l’abréviation d’orl korrect, épellation fautive de l’anglo-américain all korrect, altération de all correct, littéralement « tout est bien », équivalent familier de l’anglais all right. Ce type d’altération fantaisiste paraît avoir été usuel dès le début du 19e siècle sur la côte Est des États-Unis où l’on a écrit O.W. pour all right, interprété oll wright. Attestée à Boston en 1839,…

Suite ...

Jouer gagnant

Gagner est la réfection graphique de gaigner au 16e siècle et de gaaignier au 12e siècle. Le verbe est issu du francique waidanjan qui signifie, à l’origine, « se procurer de la nourriture », « faire paître le bétail », sens conservé dans l’allemand Weide « pâturage ». Il prend rapidement la valeur de « s’assurer un profit » par un travail, par une activité: gagner sa vie; ou par le jeu, par un hasard favorable: gagner à la Bourse. Par extension, il signifie « acquérir un avantage »: gagner du temps, gagner au change; d’où « mériter », « obtenir les dispositions…

Suite ...

Soumettre à la tentation

Le verbe tenter vient du latin classique temptare « toucher, tâter », d’où « essayer » et « assaillir ». En français, il s’emploie d’abord dans un contexte religieux: tenter Dieu « mettre à l’épreuve la résistance de quelqu’un au péché »; et par extension, « se mettre dans une situation périlleuse. »: tenter le diable. Il revêt ensuite le sens laïc de « donner envie » à la construction passive: se laisser tenter par quelque chose; et « expérimenter »: tenter fortune, tenter sa chance. Tentation, est formé sur temptatio,…

Suite ...

Bachi-bouzouk, cercopithèque, iconoclaste

Le mot icône est un emprunt au russe ikona, du grec byzantin eikona, issu du grec classique eikôn « image ». Il décrit une peinture religieuse sur panneau de bois dans les églises de rite chrétien oriental: icône de Notre-Dame de Vladimir, en Russie. Calque de l’anglais icon, il désigne le symbole graphique affiché sur l’écran d’un ordinateur correspondant, au sein d’un logiciel, à l’exécution d’une tâche: icônes « copier coller ». Il décrit, par un signe, le rapport de ressemblance avec la réalité: icône d’une maison. L’élément icon- a formé un…

Suite ...

Arcadie

Roman d’Emmanuelle Bayamack-Tam publié en 2018. Arcadie désignant une société qui vit dans la paix et le bonheur. Celle du livre se trouve dans le Sud de la France. C’est l’histoire, comprends-tu, de Farah Facette qui grandit au sein d’une communauté libertaire rassemblant une trentaine de membres fragilisés par la peur des nouvelles technologies, des réseaux sociaux, du réchauffement climatique, des sulfates, du contrôle numérique, de la salade en sachet, de la concentration de mercure dans les océans, du gluten, des sels d’aluminium, de la pollution des nappes phréatiques, de…

Suite ...