Gros câlins, gros bisous

Le verbe câliner est attesté depuis la fin du 16e siècle. Il vient du latin populaire calina de calere « être chaud », proche de calor « chaleur », qui produira calorifère : chaud comme un calorifère, qualité peu romantique chez un homme mais particulièrement appréciée d’une amoureuse l’hiver. Le normand caliner lui donne le sens de « faire des éclairs de chaleur ». Dans ce dialecte, il se dit aussi des animaux qui se reposent à l’ombre pendant les grandes touffeurs de l’été. En français, l’évolution sémantique de « réchauffer » à « cajoler », et « se tenir dans l’indolence,…

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Dommage collatéral

Dam, vieux de plus de mille ans, vient du latin damnum « préjudice », « perte matérielle », d’où « amende et peine encourue ». En emploi isolé, il n’est plus usité depuis le 16e siècle : peine du dam, châtiment des réprouvés, qui consiste à être éternellement privé de la vue de Dieu. De nos jours, seule survit la locution au grand dam (de quelqu’un), à son détriment, à son grand regret. Le mot souffre de sa brièveté. Il est progressivement remplacé par son dérivé dommage dont la forme primitive damage, au 11e siècle, est empruntée…

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Carnaval, Mardi gras, carnaval

Le mot carnaval est un emprunt à l’italien carnevale, altération de carnelevare, « ôter la viande », « s’abstenir de viande ». Dans l’Europe chrétienne, son sens premier est « entrée en carême », où la viande était interdite, puis « veille de l’entrée en carême ». Mardi gras étant le dernier jour d’une période de festivités caractérisée par des ripailles et des divertissements, commençant à l’Épiphanie, prenant fin le mercredi des Cendres, qui marque le début du jeûne et de la repentance. Par allusion à ces rituels calendaires, le mot prend le sens de…

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S’armer de patience

Le mot patience est un emprunt au latin patientia « action d’endurer ». Il désigne la vertu qui consiste à supporter sans révolte et sans colère les désagréments, les malheurs de la vie, les défauts, les actions d’autrui : patience d’ange; l’aptitude à persévérer dans une activité malgré les difficultés rencontrées : ouvrage de patience; la disposition d’esprit d’une personne qui sait attendre ce qui tarde, en gardant son calme et son sang-froid, réalisée dans la locution prendre patience et en emploi interjectif : patience! Il s’applique à une réussite aux cartes : jeu de patience.…

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Système immunitaire

Le mot immunité vient du latin immunitas « exemption, dispense, remise » qui se rattache à la racine indoeuropéenne mei- « changer », « échanger ». À l’époque franque (476-987), il évoque une des institutions qui annoncent la féodalité. Au 14e siècle, il qualifie une exemption de charge, prérogative accordée par la loi à une catégorie de personnes, historiquement la noblesse et l’Église : immunité fiscale; ensuite, avec l’idée de « franchise  , une forme de passe-droit : immunité diplomatique, privilèges résultant de l’exterritorialité et qui soustraient les diplomates, leurs familles et le personnel officiel des ambassades, aux juridictions…

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À demain

Demain est issu de l’expression latine de mane, « à partir du matin du jour suivant », passée dans les parlers gallo-romans, tels l’ancien provençal deman et l’italien domani. Employé comme adverbe et comme nom, il exprime, par extension, un avenir proche, parfois avec une valeur ironique : c’est pour demain? Il entre en composition dans après-demain, « dans deux jours » et lendemain, « le jour qui suit le jour considéré », issu de l’agglutination de l’article le élidé et de la proposition en, par prosthèse, un procédé qui consiste, en linguistique, à additionner une lettre…

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Dans le creux de l’oreille

Le mot oreille est issu du latin populaire auricula également noté oricula et oricla, diminutif du latin classique auris « oreille ». Il désigne chacun des deux organes constituant l’appareil auditif, correspondant au sens de l’ouïe, puis leur partie visible : pavillon de l’oreille. Il développe le sens de « manière d’entendre » : oreille musicale. Le mot possède de nombreux sens concrets exploitant l’idée d’une analogie de forme ou d’aspect, par paire, avec l’organe :  écrou à oreilles, oreilles d’une charrue, oreilles de l’ancre, « d’une partie élargie à chaque extrémité de la patte d’une ancre », oreilles…

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Homo sapiens

L’élément homo, emprunté au latin homo, hominis, désigne l’espèce zoologique formée par l’homme au sein des primates : homo erectus, syntagme désignant un homme fossile, homo sapiens, l’homme en tant qu’espèce capable de pensée abstraite. L’élément homo-, tiré du grec homos « semblable », par opposition à heteros « autre, différent », sert à former de nombreux mots composés de forme savante : homogène, « de même nature, de structure uniforme », homogénéisateur, homogénéisation, homogénéité, « cohésion, harmonie, unité », homothétie, homocentrique, homocerque, homocyclique, homographie, homofocal, « dont les foyers sont communs », homocinétique, homozygote, homomorphisme, homomorphie, « homogénéité des formes ». Homologue, « équivalent »,…

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Parties intimes

Le mot intime est issu du latin intimus « qui est le plus en dedans, au fond », superlatif de interior. L’adjectif qualifie d’abord une personne étroitement liée avec une autre par ce qu’il y a de plus profond : union intime, ami intime; puis s’applique à la vie intérieure, généralement secrète, invisible, impénétrable d’une personne : nature intime, hygiène intime. Au siècle romantique, par extension de l’idée d’« union avec autrui », il évoque une réunion, une cérémonie qui se passe entre intimes : fête intime; en un lieu tenu caché : endroit intime; et ce qui…

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Vrai snob

Le mot snob apparaît en français pour la première fois en 1857 dans Le Livre des Snobs, traduction d’une œuvre du romancier britannique William Makepeace Thackeray, The Book of Snobs (1848). Il signifie « cordonnier » en anglais dialectal. À Cambridge, dans l’argot des étudiants de lignée aristocratique, il qualifie de façon méprisante leurs camarades de classe de plus basse condition, les « étrangers à la noblesse » qui ne pouvaient, of course, appartenir à l’université. L’abréviation pédante s.nob, formée sur l’expression latine s(ine) nob(ilitate), « non noble », apparaît après coup. Avec la publication du…

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Bon bougre

Bougre est issu du latin médiéval bulgarus. L’évolution sémantique du mot vient des hérésies bulgares que l’on prête, au 10e siècle, aux célèbres bogomiles, ennemis de la hiérarchie ecclésiastique, qui niaient le sacrement du mariage et qui étaient taxés du « péché capital » d’homosexualité. Si le sens péjoratif d’« individu méprisable » et de « mauvais drôle » existe depuis le 16e siècle, il s’est ensuite transformé pour devenir, en français moderne, une « sympathie mêlée d’indulgence », un bon bougre désignant alors un brave homme. Malgré cette évolution renversante, le mot est encore employé…

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Silicone vallée

Le mot silice, formé au 18e siècle, dérive du latin siliceus d’après silex, « pierre dure, caillou ». Il fournit, je parie que vous l’ignoriez, plusieurs dérivés savants et composés didactiques en chimie et en minéralogie : siliceux, silicique, silicate, silicaté, silicatiser, silicatisation, silicatage, silicater, silicicole, adjectif qui s’applique aux plantes poussant bien en terrain siliceux, siliciure, siliciuration, silicocalcium. Silicose désigne une maladie provoquée par l’action de poussières de silice sur les poumons; le mot a produit silicotique. Le silicium doit son nom au chimiste suédois Berzelius en 1829. Il s’agit…

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L’air magané

Maganer, mehaigner en vieux français. En 1606, Jean Nicot formule ainsi le sens du verbe dans son Thrésor de la langue francoyse, tant ancienne que moderne : « Fouler les forces du corps par labeur extreme, chagrin d’esprit, battures, contusions, foulures de membres ». Le mot se rattache au francique maidanjan « mutiler, estropier ». Considéré comme un archaïsme en France, il revêt, au Québec, plusieurs acceptions familières. Il signifie « abîmer, détériorer par un mauvais usage, par un usage trop fréquent » : maganer son auto, au passif, chemins maganés, « en mauvais état »; « affaiblir quelqu’un, causer du…

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Tempête de neige

Le verbe neiger est issu du latin nivicare, attesté au 4e siècle sous la forme nivit, un dérivé de nix et nivis qui contiennent la racine indoeuropéenne nigwh ou snigwh « neige », que l’on retrouve dans les lettres /sn/ de l’anglais snow. Neige est son principal dérivé. Il désigne la vapeur d’eau atmosphérique congelée qui s’agglomère sous forme de fins cristaux blancs : flocons de neige. Qui, en tombant, forment une surface dure, épaisse, croûteuse, fine, fondante, fraîche, glacée, lourde, molle, poudreuse, éblouissante. Le mot connaît de nombreux emplois analogiques…

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Quartiers d’hiver

Le mot hiver est emprunté au latin classique hibernum « saison hivernale » d’une base indoeuropéenne. Il désigne la plus froide des quatre saisons de l’année dans l’hémisphère Nord et aux jours les plus courts : rude hiver. Il s’emploie au sens de « température froide » : mois d’hiver; et dans quelques syntagmes usuels : sports d’hiver, pneus d’hiver. Temps où la nature est froide et muette, il exprime, au figuré, la tristesse ou la sécheresse des sentiments : hiver du cœur; les années qui apportent la vieillesse : soixante-dix hivers, hiver de la vie. Son genre est…

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Full sentimental

Sentir vient du latin classique sentire « percevoir par les sens, par l’intelligence », « connaître par l’intuition ». Dérivé du verbe, sentiment désigne le fait de sentir, d’éprouver : sentiment d’infériorité. Il développe des acceptions liées au domaine affectif avec ses émotions, ses sensations et ses passions, une tendance assez stable et durable à propos de l’inclination d’une personne pour une autre, avec ses bases que sont l’instinct, la pulsion, le désir, les ébranlements corporels : éprouver des sentiments, sentiment amoureux; puis « rancune, animosité » : ressentiment. L’adjectif sentimental est calqué sur l’anglais sentimental. Il dénote une…

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Traiter de tous les noms

Nom est issu du latin nomen « dénomination », et, par extension, « renom ». La présence de correspondants dans d’autres langues, le sanskrit nama, l’arménien anum, l’anglais name, l’irlandais (celtique) ainm et le vieux slave ime, confère au mot une racine commune indo-européenne. Signe du langage, signifiant et signifié, il s’étend, en français, à tout le lexique puisqu’il est, à la fois, appellation et catégorie grammaticale : nom propre, nom commun, nom composé, pronom. Il est attesté comme désignation individuelle d’une personne selon les sociétés, les coutumes, les époques : nom de famille, nom à…

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En résumé

Résumer vient du latin resumere qui signifiait « reprendre », puis « reprendre en abrégeant » et « répéter les points principaux. » En français, le verbe apparaît au 14e siècle avec le sens concret de « reprendre (un objet jeté) » et, au figuré, « reprendre ce que l’on dit », répéter. Les développements de sens actuels procèdent de cette idée de répétition : condenser (un texte, un discours) en peu de mots en ne donnant que les informations principales : résumer une thèse; rendre compte de façon succincte : résumer la situation; définir par un petit nombre de traits caractéristiques, présenter…

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Secrets d’alcôve

Le mot alcôve, comme d’autres mots français en /al-/, est un emprunt à l’arabe al qubba, /al/ ou /el/ étant l’article défini « le, la » dans cette langue sémitique. Il passe au français par l’espagnol alcoba, lui-même fortement influencé du fait de la présence arabe dans la péninsule ibérique du 8e au 15e siècle. Le français le transmet ensuite à d’autres langues européennes, alcove en anglais, alcòva en italien, alcova en slovène, alkoven en allemand, alkóv en hongrois, alkoof en néerlandais, alkovna en tchèque, alkovi en finnois. Le sens arabe de « coupole »…

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Le français africain

Héritier du colonialisme, le français est parlé par environ 140 millions de personnes comme première ou deuxième langue de communication dans 31 pays d’Afrique. Ce qui en fait le continent avec le plus grand nombre de locuteurs francophones dans le monde. Situation unique sur ce continent où le plurilinguisme est de rigueur, le français devant coexister avec 750 autres langues maternelles. Le français africain, parlé ou écrit, présente donc des traits linguistiques très variés, du français de la classe dominante, presque identique au français européen, aux sabirs (petit français) profondément…

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Par métamorphose

Le mot métamorphose est issu du latin metamorphosis « changement de forme », transcription du grec tardif metamorphôsis, dérivé de metamorphein « se transformer ». Il est relevé pour la première fois en français au 14e siècle dans le titre des poèmes mythologiques d’Ovide, Les Métamorphoses, qui relatent 246 fables choisies dans le répertoire des traditions grecque et romaine. Ouvrage publié la première fois en l’an 8 ap. J.-C. Sur des thèmes qui exposent des transformations de dieux ou d’hommes en animaux, en végétaux ou en objets. Pour leur permettre de satisfaire tous leurs désirs. La…

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Code zébré

Le mot zèbre, curieusement, n’est pas issu d’une langue indigène des savanes africaines. Il vient plutôt du portugais zebra, forme empruntée au latin populaire eciferus, du latin classique equiferus « cheval sauvage ». Il désigne, à l’origine, un équidé de la péninsule ibérique appelé ezebra puis cebra en espagnol. L’appellation de l’onagre européen fut transférée à l’animal d’Afrique à la robe blanche rayée de bandes noires ou brunes, à la crinière en brosse et au galop très rapide. Des métaphores sont fondées sur la vitesse de l’animal, sur le fait qu’il…

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Remuer la salade

Le mot salade naît à la fin du 13e siècle. Il vient de l’italien salada, tournure dialectale de insalata, formé, par préfixation du in- latin et du participe passé du verbe salare « saler »; dérivé de sal « sel ». Il désigne d’abord un mets composé d’herbes potagères ou de légumes, assaisonnés d’huile et de vinaigre ou de citron, de poivre et de sel : salade verte, salade romaine, nom donné à une espèce de laitue elle-même importée d’Égypte par les Romains qu’ils consommaient en fin de repas; avant de reconnaître les bienfaits apéritifs…

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Garrocher partout

Garrocher ou arrocher, « lancer violemment », est un régionalisme de zone d’oïl, à l’Ouest de la France, qui couvre le Poitou-Saintonge, la Touraine et une partie du Berry, l’Anjou, la Haute-Bretagne et la Normandie. Sous ces deux formes, on reconnaît le mot rocher, le premier sens du verbe étant « lancer des pierres ». En Europe francophone, il est considéré comme un archaïsme. Au Québec, toutefois, il revêt la valeur familière de « jeter, lancer » : garrocher des cailloux, garrocher sa bicyclette. Au figuré, on le retrouve dans de nombreuses expressions pittoresques : garrocher son argent par…

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Onde de choc

Le verbe choquer, orthographié d’abord chuquier au 13e siècle, provient du moyen néerlandais ou du germanique ancien schocken « heurter, donner un coup. » Il se spécialise au sens figuré de blesser moralement, de déplaire, de scandaliser en heurtant les idées, les habitudes : choquer les bonnes mœurs; de frapper désagréablement, de produire une impression désagréable : choquer la vue. D’après l’anglais to schock, il développe au 20e siècle un nouveau sens propre, celui de faire subir un traumatisme, surtout au passif : rester choqué. Le déverbal choc exprime l’idée d’affrontement brutal, de collision…

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Régimes de retraite

L’ancien verbe retraire, « retirer », issu par voie orale du latin retrahere « être en arrière » a produit les dérivés restés vivants retrait et retraite, les deux formes différenciant progressivement leurs sémantismes. Retraite, « action de se retirer, de s’écarter » désigne, en contexte militaire, l’abandon délibéré et méthodique du champ de bataille par une armée qui ne peut s’y maintenir : battre en retraite, sonner la retraite; puis, plus largement, l’action de se retirer de la vie active ou mondaine : mise à la retraite, retraite à la campagne; pour se consacrer, parfois, à la…

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À l’abri

Abrier est issu du latin apricus, « exposé au soleil ». Le verbe existe en français depuis le 11e siècle avec le sens de « couvrir ». Au 16e siècle, Montaigne s’en sert encore dans ses Essais : « …Je leur donne loy, de me commander de m’abrier chauldement, si je l’ayme mieux ainsi, que d’autre sorte… » (Livre 2, chap.37). Vieilli, le verbe reste toutefois en usage dans les parlers régionaux du Nord de la France. Le Petit Larousse illustré le considère comme un particularisme au Québec et en Acadie où il…

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Magasin général

Le mot magasin est emprunté à l’arabe makhâzin, « entrepôt », du verbe khazana « rassembler, amasser », par l’intermédiaire de l’italien magazzino ou du provençal. Ce premier sens, « entrepôt de matières premières, de produits, de pièces », s’est maintenu jusqu’à nos jours : magasin à grains, magasin des décors, magasin d’armes. Il s’applique ensuite à un établissement commercial où l’on expose des marchandises en vue de les vendre : magasin d’alimentation, magasin de disques, grand magasin. Il s’enrichit d’emplois techniques, désignant la cavité d’une arme à feu recevant les cartouches : magasin d’un fusil; et le boîtier…

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All hallow’ s even

Halloween vient de l’anglais all hallow’s even, « veille de tous les saints », une fête d’origine celtique. Chez les Celtes, la veille du nouvel an était célébrée le 31 octobre, nuit de Samhain, dieu de la mort. Cette nuit-là, les fantômes des morts rendaient visite aux vivants. En signe de bienvenue, les Celtes déposaient des offrandes devant leurs portes. Ils allumaient de grands feux revêtus de costumes d’épouvante et maquillés de façon effrayante pour éloigner les mauvais esprits qui accompagnaient les proches disparus. Peu à peu, la culture celte perd de…

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Bon débarras

Le verbe transitif débarrasser est attesté depuis 1584. Il est précédé du participe passé debaracee, « debaracee de mon enfantement », lui-même issu, par contraction, de desembarasser, un verbe emprunté à l’espagnol desembarazar signifiant « enlever, retirer ce qui encombre ». En français, il revêt d’autres significations : « déblayer, dégager », débarrasser la voie publique; « partir », débarrasser le plancher; « filtrer, purifier », débarrasser des impuretés; « délester, soustraire », débarrasser de son argent; « décharger, soulager », débarrasser d’un poids; « être délivré d’une personne que l’on écarte », débarrasser de quelqu’un. Son emploi est elliptique dans le sens d’enlever le couvert : débarrasser…

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Théorie du complot

Le mot complot est d’origine incertaine. Le Dictionnaire historique de la langue française rapporte qu’il serait apparu à la fin du 12e siècle par tripotage du mot pelote. D’une forme intrigante, com peloter, signifiant « mettre ensemble de petits bouts de corde en les serrant autour de l’un d’eux »; ces trois éléments, « assemblage », « serré » et « recouvert », donc « dissimulé », revêtant les premiers sens du mot complot : « foule serrée autour de quelqu’un », « mêlée » et « union en vue d’atteindre un but caché ». De nos jours, il décrit un dessein secret concerté entre plusieurs personnes,…

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Vue sur la véranda

Le mot véranda est issu du latin varus, un adjectif qui désigne un homme ou un animal dont les jambes ne sont pas droites. Par analogie, il est employé pour désigner un bâton fourchu, un assemblage de bois vaguement semblable, par sa forme, à une paire de jambes, puis toute pièce de bois d’un échafaudage. Dans le sens de « barre d’échafaudage », il passe au portugais sous la forme vara. Un composé, varanda, désigne dans cette langue une galerie soutenue par une charpente formée de perches le long des murs…

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Prendre ses distances

L’adjectif distant dérive du latin distans, participe présent de distare « être éloigné » dans l’espace ou le temps. Qu’il s’agisse d’objets ou d’individus : partie la plus distante de la maison, couple distant par l’âge. Spécialement, il désigne quelqu’un qui décourage la familiarité : personne distante. Le nom correspondant distance recouvre la notion d’écart, d’intervalle mesurable qui sépare deux points dans l’espace ou le temps : distance entre Québec et Montréal, à quelques mois de distance. Les locutions, au concret comme au figuré, sont nombreuses : à courte distance, « à deux pas »; à distance « de…

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Sacré Charlemagne

Au départ, le français n’est qu’une des formes prises par le latin parlé dans une région donnée, comme les autres langues romanes. En somme, c’est un patois qui a réussi. Au 8e siècle, sous Charlemagne, le français n’est plus seulement un idiome qui vit et se modifie au rythme des besoins des usagers. Des instances supérieures, ecclésiastiques ou nationales, vont chercher à l’améliorer, à le protéger et à l’enrichir. Sous l’impulsion de l’empereur, la renaissance carolingienne marque le renouvellement du vocabulaire français. Quantité de nouveaux mots sont empruntés au latin…

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Salon de massage

Le verbe masser est un emprunt à l’arabe massa « toucher, palper ». En français, il se manifeste d’abord dans les relations de voyage des explorateurs se rendant en Orient au 18e siècle. Cet art se rapportant au fait d’exercer, avec les mains ou à l’aide d’appareils spéciaux, des pressions, des vibrations, des percussions sur les chairs d’une personne, dans un but thérapeutique ou hygiénique. Par plaisanterie, il signifie « donner des coups violents. » : masser les côtes (de quelqu’un). Les dérivés masseur et masseuse, spécialistes de ces techniques, apparaissent au début du 19e siècle. Après…

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Multimédia

Le développement de la communication de masse au 20e siècle entraîne une plus large diffusion et l’unification des usages de la langue française. Les mots prononcés à la radio et à la télévision ou écrits dans les journaux par un petit nombre de personnes sont écoutés ou lus chaque jour par des millions d’autres qui, par la suite, prennent l’habitude de les utiliser. Mass média reprend l’anglais américain mass media, formé du français masse, « grande quantité » et du latin medium « milieu, à la portée de tous ». L’abréviation média, avec ou…

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Soins infirmiers

Le mot infirme, orthographié d’abord enferm en ancien français, est l’aboutissement du latin classique infirmus; le préfixe in- signifiant « sans » dans cette langue et firmus « ferme », soit « sans fermeté » au physique comme au moral. Avant le 16e siècle, il s’applique à ce qui représente des défauts ou des faiblesses graves chez une personne avant de revêtir son sens moderne de personne atteinte de diminution physique, handicaps et autres incapacités : corps d’infirme; et au figuré, ce qui présente des déficiences ou des imperfections : nature infirme. Infirmité désigne d’abord une indisposition physique, puis…

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Sautes d’humeur

Le mot humeur est emprunté au latin classique humere « être liquide ». Il désigne d’abord l’eau comme élément nécessaire à la vie, symbolisant l’amour, puis est employé pour « humidité ». Il revêt ensuite dans la médecine ancienne, le plus souvent au pluriel, le sens de « liquide organique » pour distinguer les quatre « humeurs » du corps : la bile, l’atrabile, le flegme et le sang. Ce dosage était supposé déterminer le tempérament, l’état d’âme de l’être humain. Par extension, dans un emploi littéraire, il désigne l’ensemble des tendances dominantes qui forment le caractère, puis…

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Je me moi

Ego est un mot latin, francisé tel quel, nominatif du pronom personnel de la 1ère personne, et qui a un correspondant exact dans le grec ego. Calque de l’allemand das Ich « le je », employé par Kant à la fin du 18e siècle, il est introduit en philosophie désignant en allemand, en anglais et en français, l’unité transcendantale du moi, le sujet pensant dans son unicité et son unité fondamentale. Le dérivé égocentrique désigne une personne centrée sur elle-même : attitude égocentrique. Puis l’adjectif produit le substantif égocentrisme : tendance à ne considérer…

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Dire non

L’emploi de la double négation ne… pas se fixe définitivement au 16e siècle, ce qui, au regard des autres langues romanes, fait figure d’innovation. En français on dit alors « je ne vois pas », mais simplement non vedo en italien, no veo en espagnol et não vejo en portugais. La particule /ne/ peut aussi être renforcée par un autre terme désignant un objet de peu de valeur ou de valeur nulle, comme mie, ail, clou, miette, grain, goutte et point : on n’y voit goutte, on n’y voit point. Curieusement, point appartient à la fois à la…

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Parler dans le beurre

Beurre est une variante dialectale de l’Ouest de la France. Il est issu du latin bútyrum. Le /t/ latin est préservé dans l’anglais butter, l’allemand Butter et le néerlandais boter. Au Québec plus qu’en France, le mot et ses dérivés ont donné lieu à des locutions familières faisant allusion à la consistance de cette matière grasse alimentaire obtenue en battant la crème du lait. Passer dans le beurre, attesté depuis 1906, signifie « manquer son coup » ou, plus largement, « ne pas atteindre l’objectif visé »; tourner dans le beurre, « tourner sans se fixer »(en parlant…

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Caractère rétif

L’haplologie est un processus phonétique par lequel une des deux séries de phonèmes successifs et semblables disparaît, parfois en raison d’une erreur d’écriture. Ainsi, pa est issu de papa, tragi-comique de tragico-comique et ectricité d’électricité. Le mot rétif s’écrit restif au 11e siècle. Il remonte au latin populaire restivus, formé par haplologie sur resitivus, proprement « qui s’arrête », lui-même issu du latin classique restare, « demeurer sur place ». Le lien sémantique avec rester s’affaiblissant, le /s/ s’est amuï. Toutefois, contrairement au nom commun, le nom propre a conservé le sien : Restif de…

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Colonne de chiffres

Chiffre, est un emprunt, par le latin médiéval cifra, à l’arabe sifr, « vide », calque du sanskrit sunya, de même sens. D’abord attesté au sens étymologique de zéro, le mot en est venu à désigner tous les signes du système numérique. Cette innovation fait partie des grandes notions mathématiques empruntées à la civilisation arabe, rendant infiniment plus simple la notation chiffrée. Comparez 88 en chiffres arabes et LXXXVIII en chiffres romains! Le passage de l’initiale latine /c-/ à /ch-/ s’explique par le picard, dialecte des villes industrielles du Nord de la…

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Supplément d’information

Informer est issu du latin informare, « donner une forme » et, au figuré, « représenter idéalement ». En français, le verbe signifie « mettre au courant quelqu’un de quelque chose ». Le dérivé informateur prend le sens de « rapporteur », « qui est chargé de faire enquête », puis de personne dont le métier est de recueillir de l’information. Informeur avait le même sens mais ne s’est pas maintenu. Information est attesté au sens juridique d’ensemble des actes qui tendent à établir la preuve d’une infraction, puis désigne des renseignements…

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Bander mou

Mol, au 12e siècle, et mou, au 13e siècle, dérivent du latin mollis « tendre », au physique comme au moral, et, par extension, « souple, sans rudesse ». D’une base indoeuropéenne, aussi à l’origine de l’anglais mild et malt « doux ». Le mot, dans ses deux acceptions, désigne ce qui cède facilement à la pression, ce qui se laisse entamer sans effort : crème glacée molle, caramel mou. Ce qui est dépourvu de rigidité : chapeau mou. Ce qui s’enfonce au contact : oreiller mou. Ce qui s’oppose à ferme, le plus souvent avec une nuance péjorative :…

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Fort bien

Bien est issu du latin bene, adverbe correspondant à bonus, bon. Dès le 11e siècle, il exprime la manière et la quantité. Comme adjectif invariable, il reste usuel dans l’appréciation sociale et morale : des gens bien. Le substantif recouvre la notion de ce qui est juste, honnête, louable : faire le bien. Il exprime un avantage : grand bien vous fasse; ce qu’on possède : les biens; et une chose créée par le travail : les biens et les services. Le mot est entré dans plusieurs locutions courantes telles que fort bien, de bien…

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Substantifique moelle

Le mot moelle, orthographié d’abord mëule au 12e siècle, est issu du latin medulla. Dans cette langue comme en français, il désigne la substance grasse et molle qui remplit les différentes cavités et aréoles des os. Puis le cordon nerveux qui, parti de l’encéphale, est abrité dans le canal rachidien et protégé par la colonne vertébrale : moelle épinière. En boucherie, il qualifie la partie comestible des os de certains animaux, notamment le bœuf : os à moelle. En botanique, il s’emploie à propos de la substance molle contenue au centre de…

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Corne d’abondance

Le mot corne, du latin corna, se rattache à la racine indoeuropéenne kor-, désignant des objets protubérants. Proprement « excroissance dure d’animaux », il s’est étendu aux bois des cerfs, aux pédicules des limaçons et aux appendices des insectes. On l’emploie en parlant d’êtres imaginaires: la licorne, l’unicorne ou narval. L’expression corne d’abondance renoue avec le symbolisme de la fertilité et de la richesse dont la corne est porteuse depuis l’Antiquité. Par métonymie, le mot qualifie un instrument servant à avertir: cor; et compte divers substantifs à valeur acoustique: corneur, cornettiste, cornemuse.…

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Détrempé

Tremper est l’altération, par métathèse du /r/, de l’ancien verbe temprer, en usage au 11e siècle. Son étymon latin, temperare, signifie « mélanger », « modérer ». Dès les premiers textes, il prend le sens d’« imbiber d’un liquide »: tremper la soupe, « verser du potage sur une tranche de pain dans une écuelle ». Puis, « plonger dans un liquide »: tremper du linge. Le mot hérite du latin le sens de « modérer par un mélange » sortie d’usage sauf dans la locution tremper son vin, le couper d’eau. À compter du 12e siècle, il prend une acception technique:…

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Mi-août

La racine latine aug- évoque l’idée de croissance comme dans augmenter et augure, littéralement « celui qui permet le développement », le prêtre de l’avis duquel dépendait la croissance d’une entreprise. Augustus, « celui qui a reçu l’avis favorable des augures », fut l’épithète de l’empereur Octave et le nom du mois désigné en son honneur, sextilis (mensis), le sixième mois de l’ancienne année romaine. Du latin populaire agustus, altération de augustus, la forme bisyllabique aüst, aoust, oust, puis août apparaît au 12e siècle. En français, le mot désigne le huitième mois de l’année,…

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